Le 100% BEPOS, est-ce possible ?

Le bâtiment à énergie positive (BEPOS) devrait prochainement remplacer les bâtiments basse consommation (BBC), dernier label en date. Qu'en est-il de ces édifices “nouvelle génération” ? Pourquoi produire plus d’énergie que consommée ? Est-il possible de réaliser un immeuble fonctionnant uniquement aux énergies renouvelables ?

Le BEPOS, un logement productif

Le parc immobilier est le secteur le plus gourmand en énergie. Pour subvenir aux besoins des bâtiments, la réglementation thermique à venir (2020) projette que toutes les constructions nouvelles soient à même de produire plus d’énergie qu’elles n’en consomment.

Régulièrement, les réglementations thermiques intègrent les avancées technologiques pour proposer des édifices toujours plus durables. Si la RT 2012 avait consacré le bâtiment basse consommation (BBC), la RT 2020 fait la part belle au BEPOS. Les réglementations thermiques visent à déterminer la limite maximale de consommation pour les bâtiments récents. Cela comprend aussi bien les plafonds en matière de chauffage, que de ventilation, d’éclairage et de production d’eau chaude.

Aussi, la RT 2020 est plus exigeante que sa version antérieure. En effet, cette réglementation ambitionne la construction de bâtiments produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Pour parvenir à cet objectif, l’organisme Effinergie propose un label pilote : le “BEPOS Effinergie”. Promulgué auprès des professionnels de la construction depuis 2013, ce label est destiné aux résidences collectives et individuelles de même qu’aux bâtiments non résidentiels. Le caractère expérimental de la démarche permet de recueillir les observations dans une optique d’évolution des exigences avant généralisation des BEPOS.

Concrètement, les normes BEPOS doivent permettre la diminution des besoins énergétiques du bâti de 20% par rapport aux constructions respectant la RT2012. Pour atteindre le niveau de performance escompté, un édifice existant doit consommer peu d’énergie. Partant de là, un système de production locale d’énergie peut lui être adjoint afin de le rendre producteur d’énergie. Le bilan énergétique sera positif dès qu’il y aura surplus de production.

Que faire de l’énergie produite en surplus ?

Les industriels mettent au point des technologies de stockage de l’énergie pour accompagner le sacre du BEPOS.

Pour ce qui est de l’eau chaude sanitaire (ECS), les professionnels développent des technologies de récupération des calories contenues dans les eaux usées, qui partaient jusque là aux égouts. Il s’agit d’un bac permettant de faire transiter les eaux grises vers une pompe à chaleur. Il est également envisageable d’accoler un conduit d’eau aux panneaux photovoltaïques afin de produire de l’eau chaude en même temps que l’électricité. Le refroidissement de l’eau vient doper la production photovoltaïque de 5 à 15%.

En matière d’électricité, c’est l’autoconsommation qui prime depuis la baisse des tarifs de rachat pour injection sur le réseau. Des boxes énergétiques ont été créées qui permettent la mise en marche des équipements ménagers afin de la faire correspondre à la production photovoltaïque (chauffe-eau, machine à laver le linge, etc). Cela pourrait permettre jusqu’à 70% d’économies par rapport à une consommation traditionnelle.

Enfin, un bâtiment qui surproduit de l’énergie a le droit, depuis la mise en application du décret du 30 avril 2017, d’alimenter les bâtiments voisins. Dans ce cas, toute la difficulté est de déterminer qui consomme quoi. Ce sont les compteurs qui devraient permettre de mesurer l'électricité photovoltaïque consommée par chacun des logements et bâtiments. Si l’expérimentation aboutit, cela pourrait ouvrir la voie à un nouvel univers énergétique, où les citoyens pourront s’échanger des “électrons verts”.

”Pour ce faire, le département des Pyrénées-Orientales, le bureau d'études Tecsol et la start-up Sunchain vont expérimenter à Perpignan une solution reposant sur la Blockchain, qui permet d'archiver numériquement les transactions de façon distribuée, donc infalsifiable”.
Bâtiments à énergie positive : de l'énergie à revendre, article publié le 1er novembre 2017 sur le média Industrie & Technologies.

Le tout renouvelable, une utopie ?

Dans la région nantaise, le premier lycée 100% renouvelable vient d’être réalisé. C’est dans la ville de Carquefou que l’édifice labellisé BEPOS a été inauguré.

Implanté sur un terrain de 3 hectares dans la zone sud de la plaine de jeux de la Mainguais, le bâtiment vise l’excellence environnementale. “Dès l’entrée, le parti pris environnemental du bâtiment est affirmé avec force grâce à l’affichage des performances du bâtiment, à la cheminée thermique et la verrière photovoltaïque”, expliquent les porteurs de projet.

Il était notamment question à travers ce bâtiment, de réduire les besoins à leur strict minimum grâce à l’orientation, à l’enveloppe thermique et à des stratégies bioclimatiques. Ce sont, par exemple, plus de 2.000 mètres carrés de laine de verre qui ont été posés en deux couches, pour une meilleure résistance thermique.

Par ailleurs, pour que le lycée soit chauffé à 100% par des énergies renouvelables, des panneaux photovoltaïques ont été installés ainsi que des capteurs hybrides produisant électricité et chaleur (chauffage et eau chaude sanitaire). Il s’agit de capteurs solaires sur lesquels sont répartis des cellules photovoltaïques. Cette astuce permet de tripler le rendement par rapport à une installation classique de surface équivalente. Ce système rend l’édifice autonome en chauffage durant une semaine au moins.

Durant la période hivernale, des centrales “double flux” captent les calories de l’air extrait pour préchauffer l’air pulsé. En été, c’est une cheminée solaire qui crée dans le hall, une dépression assurant une ventilation naturelle. Autrement dit, un conduit orienté plein sud chauffe l’air.

Autre caractéristique, l’eau pluviale est recyclée et utilisée pour l’arrosage et pour les sanitaires. En outre, les canalisations transportant les “eaux grises” (douches, évier, etc) jouxtent les canalisations froides . Cela permet un certain préchauffage.

En somme, l’utopie du “tout renouvelable” semble prendre vie avec le lycée de Carquefou : il fait office d’exemple pour les constructions à venir. Outre l’aspect écologique, l’esthétisme n’a pas été négligé : l’édifice est recouvert de bardages métalliques lisses aux couleurs éclatantes. D’autres immeubles bénéficient de la certification BEPOS Effinergie à Nantes. C’est notamment le cas de l’ensemble “Green Office en Seine”, acquis via une vente sur plan par la société Affine auprès du groupe Bouygues Immobilier. La problématique environnementale est prégnante dans la capitale des Pays de la Loire, qui applique à la lettre le plan climat préconisé par l’État.



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